Un bon vélo contribue certainement à
la réussite, mais tous cycliste vous dira : " ce sont
toujours les jambes qui font la différence ". Si vous donnez le vélo
de Chris Boardmann à une personne non entraînée, elle ne gagnera en aucun
cas le prologue du Tour de France. L’utilisation d’une bicyclette haut
de gamme aide un coureur à remporter la victoire, mais c’est grâce à
l’entraînement auquel il s’est soumis qu’il pourra gravir la plus
haute marche du podium.
Actuellement, les connaissances dans
les domaines de la médecine et de la diététique, plus particulièrement,
contribuent à une meilleure approche de l’effort. Plus son approche est
précise, plus le coureur pourra donner le meilleur de lui-même à une échéance
donnée, au Tour de France pour la plupart d’entre eux ! A notre époque,
les entraînements des sportifs de haut niveau sont divisés en cycles. Ce
procédé permet un entraînement optimal, il est possible grâce à une
meilleure connaissance du coeur et des muscles.
" On peut toujours
reculer les limites de l’effort, parce qu’on va mieux gérer son
approche. On maîtrise de mieux en mieux toutes les données qui permettent
d’acquérir le cent pour cent de ses moyens. "
Marc Madiot
Directeur sportif de l’équipe
La Française des Jeux
et ancien coureur professionnel
Marc Madiot a parfaitement raison ! La
preuve en est que les moyennes de vitesse lors des grands tours sont
toujours plus élevées. Ce n’est sûrement pas un hasard; l’avancée
technologique y contribue certainement, mais la principale raison de cette
augmentation est principalement due à cette meilleure approche de
l’effort.
Les détails des modes d’entraînement
sont complexes, de même que les études du corps humain. C’est pour cela
que je me contenterai de vous expliquer les différentes approches que
l’on peut avoir, sans rentrer dans des détails complexes, qui pourraient
faire l’objet d’une thèse de médecine sportive.
5.1. Notre organisme
Une bonne connaissance du
fonctionnement de notre organisme est la clef pour avoir une bonne maîtrise
de l’effort. Plus nous connaîtrons les réactions de notre corps, plus
nous pourrons le maîtriser et l’adapter à des conditions extrêmes. Les
trois principaux facteurs qui entrent en ligne de compte sont :
5.1.1.
Le fonctionnement des muscles
Chaque sportif, du tireur à l’haltérophile,
utilise ses muscles. Les muscles peuvent être considérés comme un petit
moteur devant consommer du carburant pour fonctionner correctement. Cette
" essence " provient de la dissociation d’une molécule :
l’adénosine triphosphate (ATP) ; elle est formée d’une base
(l’adénine), d’un sucre (le ribose) et de trois groupes de phosphates.
Le stockage de l’ATP dans nos
muscles est très limité. En effet, elle est consommée en quelques
secondes d’effort. Pour maintenir l’activité physique, le corps doit
alors synthétiser l’ATP de trois manières étroitement liées. Il privilégiera
une voie métabolique qui dépend de la puissance musculaire requise et de
la durée de l’exercice.
Le métabolisme aérobie et anaérobie
La voie de remplacement de l’ATP la
plus rapidement mise en œuvre utilise la phosphocréatine, qui est également
une molécule énergétique contenant du phosphate. L’énergie dégagée
par la dégradation de cette molécule sert donc à remplacer l’ATP. Cette
voie ne fonctionnant qu’une dizaine de secondes, peut uniquement servir
lors d’un sprint (cent mètres, sprint dans les courses cyclistes, etc.).
Pour les efforts prolongés, le corps met alors deux autres systèmes sur
pied : la glycolyse anaérobie et la glycolyse aérobie.
La glycolyse anaérobie intervient en
premier lieu. Les cellules dégradent alors le glucose ou le glycogène
contenu dans nos muscles. Cette dégradation produit malheureusement un déchet :
le lactate. Celui-ci, en s’accumulant, va se transformer en acide
lactique. Cet acide va alors provoquer les brûlures musculaires propres aux
personnes qui manquent d’entraînement.
L’entraînement sert à habituer les
athlètes à avoir une forte concentration d’acide lactique dans leurs
muscles. Mais, même chez les personnes entraînées, au bout d’un certain
temps, la surabondance d’acide va ralentir les contractions musculaires.
Le corps doit alors passer le relais à la glycolyse aérobie.
Pour les épreuves d’endurance, le
corps va donc obtenir de l’énergie grâce au métabolisme aérobie.
Celui-ci agit par dégradation des sucres, des graisses et des protéines en
présence d’oxygène. Contrairement à la glycolyse anaérobie, elle
n’est pas activée immédiatement. Ce n’est qu’après quelques minutes
(une ou deux) qu’elle est déclenchée. Ce délai sert à l’adaptation
du rythme cardiorespiratoire qui doit fournir l’oxygène nécessaire à la
combustion des différents sucres, graisses et protéines.
Avec l’activation de cette voie, les
autres ne fonctionnent plus qu’à un niveau réduit. De l’acide lactique
et du lactate sont toujours produits, mais en quantité moindre, consommée
par les muscles moins actifs ou métabolisée dans le foie, ce qui évite
leur accumulation.
Malgré son efficacité, le métabolisme
aérobie produit de l’énergie en quantité limitée. Des besoins
temporaires supplémentaires doivent être pris en charge par les autres
voies, sans cesse renouvelées.
Un cycliste tire l’essentiel de son
énergie du processus aérobie. Mais quand il doit sprinter, le corps
utilise immédiatement en complément d’ATP stockée ou d’ATP créée
par voie de phosphocréatine. Quand le sprint se prolonge plus de quinze
secondes, la glycolyse anaérobie prend le relais et une fois le sprint
terminé, le métabolisme aérobie redevient prépondérant.
Cette explication, qui peut vous paraître
compliquée, est pourtant simplifiée. Ce qu’il faut en retenir, c’est
que le cycliste tire le nonante neuf pour cent de son énergie par le
processus aérobie.
Ces constations permettent de cibler
la zone d’entraînement, c’est-à-dire dans notre cas, le processus aérobie.
Afin de s’améliorer sans dépenser toute son énergie, il faut s’entraîner
au quatre-vingts pour cent de ses moyens. Ainsi, suite à un entraînement régulier,
notre corps s’adapte à l’effort et nous permet de progresser toujours
plus.
Mais la simple étude des muscles
n’est pas pratique; elle ne permet pas au sportif de savoir dans quel
processus il est à un moment donné. C’est pour cela que des ponts entre
le coeur et les muscles ont été découverts. Le pouls permet de définir
de manière précise le seuil entre la glycolyse aérobie et la glycolyse
anaérobie; de plus, il est facilement mesurable à l’aide d’un
cardio-fréquencemètre
5.1.2.
Le seuil anaérobie
Comme tout le monde le sait, les
battements du coeur augmenteront en fonction de l’effort fourni par nos
muscles. Le nombre de battements par minute est très variable d’une
personne à l’autre. A une vitesse donnée, le coeur d’un sportif
d’endurance de haut niveau battra à cent vingts pulsations par minute,
alors que celui d’une personne non-initiée atteindra les sommets.
L’approche la plus judicieuse et la
plus saine que l’on puisse faire de l’effort est sans aucun doute l’étude
de la fréquence cardiaque. Actuellement, la majeure partie des athlètes de
haut niveau s’entraînent en fonction de leur coeur. Ce mode de faire est
même recommandé pour des personnes ne voulant pas pratiquer de la compétition,
mais simplement garder une bonne forme physique.
Le professeur Italien Conconi a découvert
que la fréquence cardiaque augmentait proportionnellement à la charge de
travail fournie par les muscles. Cela intervient seulement dans un premier
temps. Dès le moment où l’effort se prolonge, la droite marquera une
cassure se produisant justement au moment où l’acide lactique commence à
s’accumuler dans le sang. Cette rupture est appelée seuil anaérobie.
Rappelez-vous du chapitre précédent
(le fonctionnement des muscles); on y disait que la trop forte quantité
d’acide lactique dans le sang produisait un changement de métabolisme !
Grâce à la courbe de Conconi, on peut définir de manière précise le
moment où le sportif passe à la glycolyse aérobie.
Actuellement, ce système est le plus
précis et le plus utilisé dans le monde du sport. L’autre manière de
procéder serait la prise de sang, mais vous pouvez imaginer sans trop de
problème quelles seraient les conséquences d’une prise de sang durant un
effort intensif.
5.1.3. La fréquence cardiaque
pour seule mesure
Le cycliste tire l’essentiel de son
énergie du métabolisme aérobie. Afin de s’améliorer et de ne pas brûler
ses réserves, il devra s’entraîner à une fréquence cardiaque inférieure
au seuil anaérobie (septante à quatre-vingts pour cent en dessous). Ce
mode de faire permettra une amélioration constante et surtout ses réserves
de glucose (utilisées lors du métabolisme aérobie) resteront intactes
pour les compétitions. Si le coureur progresse au long de l’année, la
courbe de Conconi s’aplanira !
Exemple :
Afin de calculer la fréquence
optimale d’entraînement, il faut donc connaître son seuil anaérobie. Ce
seuil varie d’après plusieurs facteurs : l’âge, l’entraînement,
la capacité d’absorption de l’oxygène (VO2), etc. Pour les personnes
ne pratiquant pas de sport à un haut niveau, il existe des tableaux composés
de valeurs moyennes.
Pour calculer son seuil anaérobie, il
suffit de prendre le quatre-vingts pour cent de sa fréquence cardiaque
maximale. Cette dernière se calcule ainsi : deux cent vingt moins l’âge.
Les valeurs ainsi calculées sont des moyennes. Pour des personnes disposant
déjà d’un entraînement d’endurance, on utilise généralement le
quatre-vingt cinq pour cent de la fréquence cardiaque maximale. Dans le
tableau ci-dessous, vous pouvez découvrir quelques exemples :

Ces valeurs moyennes peuvent être
utilisées par des personnes désirant garder une bonne forme physique et ne
visant pas la médaille d’or aux futurs Jeux olympiques. Pour les sportifs
de haut niveau, ces valeurs n’ont absolument rien à voir avec leur
condition physique très particulière. Dans leur cas, il faudra calculer le
seuil anaérobie de manière individuelle.
La principale différence survenant
après un entraînement d’endurance est la diminution du pouls au repos.
Contrairement à ce que disent certaines personnes, cela n’a rien
d’anormal ni de malsain, bien au contraire. Le coeur est un muscle comme
un autre, si on le sollicite beaucoup (comme le font toutes les personnes
pratiquant un sport), il va grandir et ainsi envoyer plus de sang dans nos
veines en un seul battement.
Un bonne irrigation sanguine est très
importante lors de l’effort, car ce sont les globules rouges qui :
Sachez encore que plus on a de sang
dans notre corps, plus ces avantages seront mis à profit. La présence
d’une grande quantité de sang permet aussi d’accumuler plus d’acide
lactique. Si les globules rouges sont nombreux, l’oxygène et le
combustible arriveront en plus grand nombre dans les muscles et la
performance sera améliorée. Le chapitre du dopage traitera d’un produit
(l'EPO) destiné à augmenter le nombre de globules rouges.
5.1.4.
Le test de Conconi
Le test de Conconi permet de calculer
le seuil anaérobie de manière individuelle. Si l’on dispose du matériel
nécessaire, on peut très facilement se soumettre à ce test chez soi;
cependant, il vous faudra l’aide d’un assistant.
Le but de ce travail n’est pas de
vous décrire de manière précise comment procéder pour réaliser ce test.
De plus, je vous conseille vivement de faire appel à un médecin, car il
faut être en très bonne condition physique pour ne pas risquer d’avoir
un malaise ou, au pire, un arrêt cardiaque. En effet, ce test vous poussera
jusqu’aux limites de l’épuisement. Certains médecins vous soumettront
volontiers à ce genre de tests. De plus, votre docteur pourra vous assurer
que vous n'encourez aucun danger et il obtiendra des résultats bien plus précis !
Le matériel généralement utilisé
par les médecins est :
Le déroulement du test
Avant de commencer, il vous faut
installer votre cardio-fréquencemètre (plus de détails au point traitant
des montres POLAR). Ensuite, vous prenez place sur la bicyclette et vous
vous échauffez un peu. Voilà, tout est en ordre ? Le test peut commencer !
Au départ, le vélo est réglé sur
une puissance de cent watts. Vous commencez alors à pédaler à un rythme
d’environ quatre-vingts tours par minute. Après cent vingts secondes à
ce rythme, votre fréquence cardiaque doit être notée, à moins que le
cardio-fréquencemètre la mette dans sa mémoire. Pendant ce temps, vous
continuez bien entendu à pédaler et vous augmentez la performance de vingt
watts. L’intervalle suivant est de cent secondes; une fois qu’il est écoulé,
la fréquence cardiaque est notée et la performance est augmentée.
Ensuite, la fréquence cardiaque doit
être mesurée à différents intervalles bien précis et la puissance doit
être augmentée. Le but de l’exercice est de toujours pédaler au même
rythme, malgré la puissance qui augmente sans cesse et ce, jusqu’à l’épuisement
total !
Dès que vous relâchez l’effort,
buvez quelque chose tout en continuant à pédaler à une puissance très
basse, ceci afin de ne pas stopper l’effort trop brusquement. Généralement,
le médecin dispose d’un cardio-fréquencemètre mémorisant les fréquences
cardiaques. Si c’est le cas, ils sont adaptables avec un programme
informatique qui va calculer automatiquement le seuil anaérobie, la
puissance maximale et la fréquence cardiaque maximale. Dans le cas
contraire, il faudra faire le graphique à la main et déterminer le seuil
anaérobie de manière approximative.
L’analyse de ces différents résultats
permet de concevoir un plan d’entraînement détaillé et surtout de
l’optimiser suivant les caractéristiques du sportif !
5.2.
Présentation de l'entreprise Polar Electro Oy
Le professeur Seppo Säynäjäkangas a
fondé cette entreprise en 1977. Aujourd’hui, il est le président du
conseil d’administration et l’actionnaire principal d’une entreprise
mondialement connue. Le Professeur, avant de fonder Polar Electro Oy, était
à la tête du laboratoire électronique de l’Université de Oulu en
Finlande.
De nombreuses années de recherches
ont été nécessaires avant de créer un produit aux nombreuses qualités,
mondialement connu et orienté vers les besoins du client. Aujourd’hui,
Polar Electro Oy met sur le marché des cardio-fréquencemètres d’une
grande renommée.
On distingue deux grandes gammes de
cardio-fréquencemètres : la Fitness Line et la Profi Line. La grande
caractéristique de ces produits est la liaison sans fil entre l’émetteur,
situé autour de la poitrine, et le récepteur, situé au poignet sous forme
de montre ou sur le guidon du vélo. Cette caractéristique ne diminue
aucunement la précision de ces engins aux multiples fonctions.
La Fitness Line
Elle est plus spécialement conçue
pour toutes les personnes ne désirant pas faire de la compétition de haut
niveau, mais plutôt de tirer le meilleur parti de leur programme de mise en
forme. La politique de ces produits est surtout axée sur un prix
accessible. Le cardio-fréquencemètre le plus bas de gamme indique
uniquement la fréquence cardiaque, alors que le meilleur de la gamme a déjà
de nombreuses fonctions.
La montre présentée ci-dessous est
la meilleure de la gamme Fitness, elle a donc un maximum d’options. Entre
le cardio-fréquencemètre mesurant uniquement la fréquence cardiaque et
cette dernière, on trouve trois autres produits avec des qualités un peu
moindres. Les différents produits de Polar Electro Oy forment un dégradé;
chaque montre a une ou deux fonctions de plus que la précédente. Les prix
pour la gamme Fitness s’élèvent de cent quarante à deux cent trente
francs environ.
POLAR PACERTM
C’est le meilleur cardio-fréquencemètre
de la gamme Fitness. Il cumule les fonctions suivantes :
La Profi Line
Cette gamme de produit est spécialement
conçue pour les sportifs de très haut niveau ou pour les personnes désirant
rejoindre l’élite mondiale. En plus des fonctions générales d’un
cardio-fréquencemètre, ces modèles comprennent des fonctions de test,
jusqu’à l’analyse complète de l’entraînement sur PC à l’aide
d’un programme mis au point par Polar Electro Oy.
Les fonctions supplémentaires
par rapport à la Fitness Line sont surtout les mémoires, capables
de retenir les battements du coeur, l’altitude (à l’aide du
programme adapté, on pourra faire une courbe de dénivelé), la
vitesse, la distance et bien d’autres fonctions. Le possesseur
d’un pareil engin pourra donc, à l’aide d’une interface,
analyser son entraînement de manière super précise sur son PC.
Les prix pour de pareils
appareils s’étendent d’environ trois cent quarante francs à
sept cents francs à l’unité et sans le PC !
|
|
5.3.
L'alimentation
Tous les aliments que nous consommons
sont composés de cinq constituants individuels. Il s’agit :
Les minéraux et les vitamines ne
contribuent que très peu, pour ne pas dire pas du tout, à la mise à
disposition d’énergie. C’est pourquoi je me concentrerai surtout sur
les trois autres. Ces derniers se trouvent principalement dans les aliments
suivants :

Je vais vous décrire les différentes
caractéristiques et fonctions de ces différents constituants. N’étant
pas un spécialiste en diététique, je me permettrai de faire quelques
simplifications.
Les protéines
Elles servent surtout à la
fortification et à la " construction " de notre corps.
En cas d’urgence et d’effort intensif, le foie peut transformer les
protéines en glucide. L’inverse est également possible, par contre, la
graisse ne peut être retransformée en une autre substance.
Les glucides (ou hydrates de
carbone)
On distingue trois groupes de sucres :
|
|
-
Les sucres complexes,
ils regroupent l’amidon végétal, le glycogène (principal
glucide complexe stocké) et les celluloses. Ces derniers passent
très lentement dans le sang. C’est pour cela que les sportifs
d’endurance mangent énormément de pâtes avant l’effort.
|
Le glucide est le carburant de nos
muscles par excellence; il est utilisé à cent pour cent par ces derniers
et également par le cerveau ! Lors de grands efforts, le nonante pour cent
des ressources énergétiques sont fournies par le glucose. Malheureusement,
son stockage est peu pratique; c’est pourquoi il doit être utilisé
rapidement, sinon le corps se débarrasse du surplus. Suivant l’intensité
de l’effort et nos habitudes alimentaires, le glucose peut généralement
être utilisé de quarante-cinq à nonante minutes, ensuite s’il n’est
pas " renouvelé ", le sportif encoure de gros risques
(hypoglycémie).
Les lipides
Plus couramment appelées les
graisses, elles sont l’ennemi numéro un de toutes les personnes souffrant
d’un excédent de poids. Pourtant, si on les consomme de manière
modérées, elles sont indispensables au bon fonctionnement de notre
organisme. Elles apportent principalement des vitamines lipolytiques et des
acides gras. Le gros problème de la graisse est son stockage. Une fois que
l’organisme l’a mis en réserve, il n’y a plus qu’un seul moyen
naturel de l’éliminer : la brûler par l’effort !
Eh oui, l’effort ou la chirurgie
esthétique constituent les deux seuls moyens d’éliminer de manière
durable les graisses. Toutes les techniques de régimes miracles proposées
dans la presse féminine peuvent être efficaces, mais elles diminueront
généralement la masse musculaire, mais pas la graisse ! Ce système
déséquilibre alors l’organisme et, dès que le régime est terminé, la
personne en question a tendance à reprendre encore plus de poids
qu’avant.
De plus, il est bon de savoir que,
pour détruire la graisse, le corps doit disposer d’une certaine enzyme
qui a la fâcheuse tendance de disparaître si les efforts fournis par les
muscles sont insuffisants. Les personnes disposant de cette enzyme ont une
très grande chance, car même si elles ne fournissent aucun effort, elle
continuera son travail ! Pour les autres, il ne vous reste plus qu’à
commencer un sport pour solliciter son retour !
La diététique est un sujet
passionnant, mais malheureusement très complexe ! Cette science
contribue de manière non-négligeable aux performances sportives, toutes
disciplines confondues. Une meilleure approche du fonctionnement de nos
muscles et de notre organisme en général permet d’adapter la nourriture
de manière optimale. N’oublions surtout jamais que l’alimentation est
à la base de la vie. Si un jour elle venait à disparaître, je ne donne
pas long à vivre à l’espèce humaine et à toutes les espèces vivantes
de la planète !
5.3.1. Les
boissons énergétiques
A la suite d'une longue adaptation et
à un entraînement intensif, le corps humain est capable de supporter de très
lourdes charges. Ainsi, les cyclistes professionnels ont la faculté
d’augmenter leur production d’énergie journalière de manière considérable.
Cela est possible grâce à une alimentation équilibrée et très
calorifique.
Une étude menée sur le Tour de
France a démontré qu’un cycliste peut dépenser plus de 32 MJ (soit
environ 7’600 kcal) lors d’une épreuve de montagne très dure et,
en moyenne, un coureur dépense environ 24 MJ (soit environ 5’700 kcal)
par jour. La même étude a aussi démontré que seul les coureurs capables
d’absorber autant d’énergie qu’ils en dépensent peuvent arriver à
Paris sans encombre.
Cette énergie est consommée dans des
repas riches en énergie que les coureurs prennent avant et après la
course, mais également sous forme d’hydrates de carbone durant la course.
Il a été démontré qu’une bonne alimentation durant l’effort
contribue au succès. De plus, vu la difficulté des épreuves cyclistes, il
serait extrêmement dangereux de ne rien consommer pendant la course. Les
coureurs n’étant pas capables d’équilibrer consommation et dépense
d’énergie ont souvent dû quitter le Tour prématurément, un pareil déséquilibre
provoquant généralement une extrême fatigue. De plus, n’oublions pas
que le temps de récupération sur les courses par étape est très court.
L’importance des boissons énergétiques
est primordiale; elles permettent de remplacer les sucres brûlés par notre
organisme et également les sels minéraux qui partent avec la
transpiration. De plus, elles sont conçues pour que le corps passe
rapidement leurs différents composants dans le sang, afin que l’organisme
puisse profiter au plus vite de leurs bienfaits.
De plus, durant l’effort, le corps a
tendance à se déshydrater (transpiration), il est donc primordial de lui
apporter du liquide !
5.3.2. Présentation
du produit Isostar
Isostar est un des produits énergétiques
le plus connu. Je pense que tout le monde connaît cette boisson; par
contre, certaines personnes ne connaissent peut-être pas les barres énergétiques.
Cette gamme de produits relativement vaste et complète, est produite par
l’entreprise Suisse Wander.
Ces aliments sont spécialement développés
pour des activités sportives exigeantes ou requérant une grande endurance.
Ils fournissent à notre corps une combinaison d’hydrates de carbone, de
vitamines et de minéraux facilement assimilables par l’organisme et
surtout par le métabolisme musculaire. Son but est d’améliorer la
performance tout en ménageant les réserves créées par notre organisme.
Pour un effet optimal, il est recommandé d’en absorber peu avant
l’effort (trois à cinq minutes) et tout au long de l’exercice, soit
environ une à deux gorgées toutes les quinze à vingt minutes.
Ces produits sont le fruit de
recherches scientifiques rigoureuses. Ils sont également utilisés avec
succès par des sportifs professionnels !
Voici l’analyse de trois boissons énergétiques
produites par Wander (source: Karteikarten ISOSTAR) :

5.4. Le dopage
Le dopage est en quelque sorte le
" bébé " du mariage sports et science. En effet, si ce
mariage n’aurait jamais eu lieu, le dopage n’aurait sûrement jamais pu
naître, car il est le fruit de manipulations génétiques que seul des
scientifiques chevronnés peuvent faire. Les chimistes inventent le produit
soi-disant miracle que le sportif utilise.
Ce fléau, que l’on peut appeler
" le cancer des fédérations sportives ", s’attaque
à toutes les disciplines sans distinction. Cependant, certaines sont plus
atteintes que d’autres ; le cyclisme, par exemple, où l’on juge
que le 99 % des coureurs professionnels, pour ne pas dire le 100 %, sont dopés,
et ce, malgré les contrôles rigoureux auxquels ils sont soumis avant
chaque course.
Il s’attaque partout, on peut
pratiquement dire que la terre entière est infectée par cette " pourriture ".
Car ces produits, qui découlent de la collaboration sports et science, ne
s’utilisent plus seulement pour quelques sportifs d’élite, mais également
chez les amateurs et même parfois chez les juniors ! Ce problème qui
a trop longtemps été un sujet tabou doit être mis au jour, et au plus
vite, car les sportifs se dopant sont très nombreux, trop nombreux.
Actuellement, on peut trouver toutes
les sortes d’hormones désirées sans trop de difficulté. Un véritable
trafic de produits dopants est en train de se mettre en place, et s’il
n’y a aucune réaction immédiate, d’ici quelques années, il pourrait
devenir semblable au trafic de la drogue. Le marché n’est certes pas
aussi grand que celui de la poudre blanche et de l’herbe, mais il est bien
présent. Les personnes intéressées par ce genre de produits sont
nombreuses ; le plus dramatique, c’est qu’il ne s’agit plus
uniquement des sportifs de tous niveaux, mais également de certains jeunes
se trouvant trop frêles, qui décident d’aller acheter des hormones de
croissance pour un jour pouvoir ressembler à Stallone ou à Schwarzenegger
sans trop d’efforts.
A mon avis, il ne faut surtout pas négliger
ce phénomène. Et les personnes qui jusqu’alors étaient non sportives,
devraient également se sentir concernées par ce démon. Le dopage qui
concernait qu’une infime partie des sportifs il y a vingt ans, est en
train de se transformer en un véritable problème de société.
Il faut sanctionner sévèrement les
sujets dopés et ceux qui vendent ces produits. Le peu d’hommes qui se
font attraper doivent servir d’exemple au reste de la société, pour la décourager
à jamais de l’utilisation de ces hormones ou autre " cochonnerie ".
Ce mode de faire qui peut paraître très sévère, est à mon avis le seul
moyen de limiter la triche. Le grand problème dans ce domaine est sans
doute la détection du produit dans le sang ou dans les urines. Cependant,
de nouvelles méthodes sont sans cesse découvertes.
5.4.1.
Qu’est-ce que le dopage ?
" DOPAGE n.m. 1.
Emplois de substances destinées à accroître artificiellement et
provisoirement les capacités physiques de quelqu’un, d’un animal;
doping. "
|
Le Petit Larousse Compact,
édition 1995
|
" – Il n’existe pas de
définition universelle et simple du dopage.
– Selon les statuts de l’ASS (Association Suisse du Sport), il
s’agit de l’usage de substances appartenant à des catégories
interdites de principes actifs et du recours à des méthodes proscrites,
conformément aux listes ad hoc du Comité international olympique (CIO),
des fédérations internationales et de l’ASS. "
|
Dépliant : " Contrôle
antidopage "
Publié par la Commission de lutte contre le dopage de l’ASS.
|
" Le Comité
international olympique (CIO) et l’Association suisse du sport (ASS)
entendent par dopage tout usage volontaire ou involontaire de substances
appartenant aux classes interdites, ainsi que tout recours aux méthodes
défendues selon les listes en vigueur. "
|
Brochure " Doping
info ",
éditée en 1995 par l’Ecole fédérale des sports de Macolin.
|
Comme vous pouvez le constater, il
existe plusieurs définitions pour qualifier le dopage. Mais toutes mettent
le doigt sur l’utilisation de produits interdits destinés à améliorer
les performances. Le dopage n’est pas un sujet facile à cerner, il est
constamment en mouvement, car de nouveaux produits apparaissent sans cesse.
De plus, dès que l’on trouve une manière de détection pour un produit
X, un produit Y commence à contaminer les pelotons. Le dopage est vraiment
un problème très grave et malheureusement très difficile à résoudre.
5.4.2.
Pourquoi le dopage est-il interdit ?
Tous les règlements sportifs
interdisent le dopage et cela à tous les niveaux de la compétition. Le
dopage va à l’encontre du principe même du sport : l’égalité des
chances. De plus, il met en danger la santé des sportifs; la lutte contre
le dopage est aussi une manière de préserver la bonne santé des sportifs.
5.4.3.
Les différents produits dopants
Les listes de produits dopants sont
très nombreuses. Le comité olympique publie la sienne; les fédérations
internationales donnent leur version et les fédérations nationales
viennent contredire le tout ! Ces différences viennent principalement
du fait qu’un produit considéré comme dopant dans un sport ne l’est
pas forcément dans un autre. Par exemple, un médicament destiné à calmer
et à détendre sera très utilisé dans les sports comme le tir et, au
contraire, considéré comme parfaitement inutile par d’autres
fédérations. A mon avis, ce manque d’uniformité contribue à la lenteur
du système de la lutte contre le dopage.
Beaucoup de personnes ne sont pas au
courant, mais le dopage n’est pas considéré comme une tricherie par tout
le monde. Certains docteurs, certains coureurs et plus généralement
certaines personnes pense que des produit, aujourd’hui considérés comme
dopant, devraient être bannis de la liste des produits interdits. Leur
justificatif : ils contribuent à supporter les efforts; d’après eux, le
risque pour la santé est présent si le sportif ne prend pas le
médicament ! Cela peut être considéré comme une version valable,
mais personnellement, je suis fort peu convaincu !
Les catégories de produits
considérés comme dopants sont très nombreuses; il ne sera donc pas
nécessaire de préciser que le nombre de produits en soi est
impressionnant. L’UCI, comme toutes les fédérations internationales,
publie sa liste " des classes de substances dopantes et méthodes
de dopage ". Pour votre information personnelle, sachez que cette
liste est longue de quatre pages et est écrite en très petits caractères
(environ cette taille : " Entrées en vigueur : 1er
octobre 1997 ").
Je vais vous citer les principales
catégories de produits interdits, vous expliquer quelles sont les raisons
qui motivent leur utilisation, ainsi que leurs effets indésirables étant
parfois nombreux et non-négligeables. Ceci n’est qu’un petit
aperçu !
Les stimulants
Ce sont pour la plupart des substances
excitantes et euphorisantes. Elles améliorent la performance en retardant
l’apparition de la fatigue.
Leurs principaux effets secondaires
sont l’augmentation de la tension artérielle, de la température
corporelle et de la fréquence cardiaque. De plus, les stimulanrts peuvent
rendre agressif, mener à des troubles psychiques et à la dépendance.
S’ils sont pris à trop forte dose, les signaux de fatigue émis par le
corps ne seront plus captés, ce conduisant à un épuisement grave, voire
à la mort.
Les substances à éviter sont le
café (à trop forte dose !) et certains médicaments contre le
refroidissement contenant de l’éphédrine ou une substance analogue.
Les analgésiques narcotiques
Ces produits diminuent la douleur et
peuvent provoquer le sommeil. On interdit seulement les analgésiques
puissants, par exemple, les dérivés de l’opium.
Les dangers principaux qu’encoure la
personne consommant des analgésiques narcotiques sont la diminution de la
capacité de concentration et de coordination; à forte dose, ils peuvent
mener à des troubles de la conscience et à la mort.
Les agents anabolisants
Ce genre de produits est probablement
le plus connu par le grand public. On y trouve, par exemple, les dérivés
de la testostérone, l’hormone mâle. Cette catégorie de substances
contribue surtout à l’accroissement de la masse et de la force
musculaires. La testostérone développe logiquement les caractères
masculins.
Les effets indésirables de ce genre
de produits sont très nombreux. Ils peuvent provoquer un dysfonctionnement
du foie, du système cardio-vasculaire, du taux de cholestérol et de la
régulation hormonale. Le psychisme d’une personne peut également être
touché. Dans le rang des effets secondaires, on compte également : des
poussées d’acné, de la rétention d’eau, un dérèglement de la
production des spermatozoïdes, un risque accru de blessures aux ligaments
et aux tendons. Chez la femme, on constate une virilisation qui se traduit
par une transformation de la voix, une diminution de la poitrine et un
dérèglement du cycle menstruel. Chez les jeunes sujets, cette catégorie
de substances peut carrément stopper la croissance !
Les diurétiques
Les diurétiques augmentent le débit
urinaire et permettent ainsi de diminuer le poids par la déshydratation du
corps. Ce procédé est plus particulièrement utilisé dans les sports où
le poids est important, par exemple la boxe. De plus, ils ont la faculté de
diluer l’urine et de rendre d’autres substances indétectables.
Les principaux effets secondaires sont
de graves lésions rénales et un risque de crampes musculaires accru.
Les hormones peptidiques et
glycoprotéiniques
Il s’agit de protéines ayant des
effets hormonaux. Ce sont des messages que l’organisme envoie à nos
différentes glandes pour qu’elles déclenchent la production de la
substance lui étant propre.
Les possibilités sont nombreuses. Il
suffit d’injecter des messages synthétiques dans le corps pour que
l’organisme se mette à produire la substance demandée. On peut ainsi
stimuler la croissance (hormone de croissance) ou la production de globules
rouges (EPO), par exemple.
Les effets secondaires sont le
diabète et un développement exagéré des os de la face et des
extrémités des membres pour l’hormone de croissance. Pour l’EPO, on
compte des cas d’embolies pulmonaires et cérébrales, d’hypertension
artérielle, de thromboses et voire, dans certain cas, la mort.
Transfusions sanguines et
manipulation d’urine
Il s’agit ici de la manipulation du
sang et des urines. Par exemple, on prélève une certaine quantité de sang
à une personne; on le conserve un certain temps pour que le corps le
régénère, et on y réinjecte; ainsi, la quantité de sang dans
l’organisme est plus grande. On entend par manipulation d’urine tous
procédés visant à cacher l’absorption d’un produit dopant. Les
manipulations peuvent être d’ordre chimique et, ou pharmacologique
effectué directement sur la sécrétion d’urine ou être simplement un
échange d’échantillon.
Substances soumises à des
restrictions
Les principales sont l’alcool, le
cannabis et le béta-2 (médicament contre l’asthme). Leurs effets sont
connus de tous, du moins je l’espère.
5.4.4.
L’érythropoïétine (EPO)
L’EPO est un produit dopant qui a
fait " fureur " dans les pelotons dans les années 1990.
Les effets de ce produit sont l’accroissement du nombre de globules rouges
et de l’hémoglobine dans le sang. Ainsi, l’oxygène est transporté en
plus grande quantité dans les muscles et la capacité aérobique du coureur
est améliorée.
Comme je l’ai déjà signalé au
point précédent, les risques de thrombose et d’embolie pulmonaire et
cérébrale, sont très nombreux. Afin que vous puissiez vous faire une
idée du fléau que représente ce produit, je vais vous citer un article
paru dans " Le Matin " du 20 janvier 1998.
Début de citation :
Eddy Planckaert se confesse :
" L’EPO, c’était super ! "
L’ancien champion belge a reconnu
avoir pris de l’érytropoïétine et... en vante les mérites. Avant
d’admettre que le produit met en danger la vie des utilisateurs.
L’ancien champion belge Eddy
Planckaert a jeté un véritable pavé dans la marre en reconnaissant avoir
utilisé de l’EPO pour améliorer ses performances, ajoutant que cette
substance prohibée était largement consommée par ses rivaux.
" L’EPO est un produit fantastique. Si vous en prenez et que vos
adversaires n’en prennent pas, vos performances sont de 10 à 15 %
supérieures ", a-t-il expliqué à la télévision belge VRT.
" A un haut niveau, cela est réellement significatif ",
a-t-il poursuivi reconnaissant toutefois que ce produit mettait en danger la
vie des athlètes.
Même les petits coureurs
Apparue au milieu des années 80, l’érythropoïétine
favorise la production de globules rouges chargés du transport de
l’oxygène vers les muscles. Sa consommation facilite la résistance à
l’effort et remplace les longs stages en altitude. Considérés comme
l’une des substances dopantes dangereuses, elle favorise la coagulation du
sang et menace le fonctionnement cardiaque.
" C’était super,
formidable. Je me sentais fort, bien que je ne fus pas toujours vainqueur.
Je me sentais fort, tellement fort. " a raconté Planckaert,
vainqueur de Paris – Roubaix en 1990 et du Tour des Flandres en 1988.
" Le problème maintenant est que même le plus petit coureur en
utilise ", a-t-il ajouté.
Tentant de lutter contre ce fléau,
l’Union cycliste internationale (UCI) a imposé des contrôles sanguins
plus fiables que les contrôles urinaires. L’UCI a également établi un
nombre moyen de globules rouges décelables dans le sang des coureurs. Une
augmentation anormale de ce nombre peut être le signe d’une absorption
d’EPO.
Plusieurs coureurs, dont Claudio
Chiappucci, Thierry Laurent et Vladimir Poulnikov, avaient dépassé cette
moyenne (50 %) l’an dernier. Dans ce cas, le coureur est déclaré inapte
au travail et sa licence lui est retirée pour une durée de quinze jours au
minimum, jusqu’à un nouveau contrôle qui sera effectué au laboratoire
de Lausanne.
Fin de citation.
5.4.5.
La lutte contre le dopage
Les contrôles
" Le cyclisme a été le
premier sport à accepter les contrôles. Il est le sport le plus contrôlé
et il est aussi le premier sport à faire un premier pas en avant pour la
lutte contre le dopage. On est les premiers à avoir demandé les contrôles
sanguins. "
Marc Madiot
Directeur sportif de l’équipe
La Française des Jeux
et ancien coureur professionnel
Les paroles de Marc Madiot sont
parfaitement justes. Le cyclisme est devenu l’un des sports les plus
contrôlés, mais précisons également qu’il est le sport le plus montré
du doigt quand il s’agit de dopage. Afin de prévenir la prise d’EPO, un
dépistage est effectué chaque jour sur tous les coureurs participant à la
course. Dans l’article cité à la page précédente, on fait allusion à
ces contrôles.
Avant chaque course, tous les coureurs
doivent aller faire une prise de sang. Les récipients contenant le
précieux liquide rouge seront cachetés et numérotés (anonymat
oblige !) et envoyés dans un laboratoire. Ensuite, on définira le
taux de globules rouges qu’il contient, en pour cent. Si la proportion
dépasse cinquante pour cent, le coureur est déclaré inapte au travail et
sa licence lui sera retirée pour deux semaines. Ce délai passé, il devra
se présenter au laboratoire de Lausanne (le siège de l’UCI se trouve
précisément dans cette ville !) et il sera recontrôlé. Si le taux
est passé en dessous de la moyenne, il pourra reprendre son activité et,
par contre, s’il est toujours trop élevé, des sanctions pourraient être
prises.
L’UCI procède également à des
contrôles d’urine pour déterminer la présence d’autres substances que
l’EPO.
Les objectifs de l’UCI
" Bannir complètement le
dopage est une illusion, tout comme on ne peut prévenir totalement la
pollution de l’air, du sol et de l’eau. "
Fascicule : " La lutte
antidopage : une nouvelle approche "
Edité par L’UCI
On ne peut pas dire que l’UCI manque
de franchise ! Je pense également que l’on n'arrivera jamais à
enrayer le dopage du sport. Mais je trouve qu’elle aurait pu être un peu
plus optimiste en commençant le chapitre trois, l’objectif de l’UCI, de
son fascicule !
En matière de lutte contre le dopage,
l’UCI a deux objectifs principaux :
|
-
Améliorer l’image interne
et externe du sport cycliste. L’image du sport cycliste a été
mise à rude épreuve. D’après les témoignages, les cas de
dopage y sont très nombreux. L’UCI veut redonner une image plus
propre de son sport en sensibilisant les coureurs, les médias,
les commissaires et, en fait tout le monde.
|
La lutte contre le dopage est très
complexe, certains produits fréquemment utilisés demeurent encore
indécelables. Les fédérations sportives se trouvent face à un problème
de taille, mais n’oublions pas que le tabou concernant ce fléau a été
levé il n’y a pas si longtemps.
Je ne suis peut-être pas en mesure de
faire un jugement sur ce sujet, mais je pense que nous sommes au début de
la lutte, alors qu’elle était censée commencer il y a trente ans, en
1967. Les dernières actions de l’UCI sont très positives, mais je trouve
qu’elle aurait pu réagir avant. Actuellement, la
" maladie " a pris racine un peu partout, à tous les
niveaux et il sera très difficile, voire impossible, de la soigner. Est-ce
qu’on n’était pas en mesure de le faire avant ? Je vous l’ai
dit, je ne suis pas à même de juger !
Les sanctions
" Certaines fédérations
veulent nous faire croire qu’elles accordent plus d’attention et de
sérieux à la lutte antidopage, en optant pour des sanctions plus lourdes.
En réalité, cette théorie ne nous
satisfait pas. Si le fair-play en sport est important dans l’optique de
l’UCI, il faut qu’il en soit également ainsi dans l’établissement
des sanctions.
Ne pas punir les fautifs ne serait pas
honnête vis-à-vis des coureurs " sains ". Mais punir
de manière trop sévère est également malhonnête. La sanction doit
correspondre à la faute; elle doit tenir compte des
circonstances. "
Fascicule : " La lutte
antidopage : une nouvelle approche "
Edité par L’UCI
Je vous dirai très franchement que je
ne suis pas du tout d’accord avec cette politique ! L’UCI
reconnaît à peine le dopage comme étant malhonnête et punissable, du
moins c’est comme cela que je ressens ce passage. Ensuite, elle met en
avant le fair-play. Non ! Je ne suis pas d’accord ! Le fair-play
n’a rien à faire dans un règlement, surtout lorsqu’il s’agit de la
vie des coureurs. A ce moment-là, on peut éliminer toutes les sanctions,
pour être sûr que l’on soit au moins assez fair-play !
Je pense, au contraire, que les
sanctions devraient être très lourdes, afin de décourager définitivement
les utilisateurs de produits dopants. A mon avis, la politique à adopter
doit être très sévère, peut être même trop ! Le seul moyen de
lutter efficacement contre le dopage est la dissuasion, car le dépistage
est toujours très difficile. Bien sûre, il faudra tenir compte du délit
et des circonstances; mais pour punir les délits très graves, il faudrait
carrément exclure le coureur de la fédération. Cela peut paraître très
rude aux yeux de certaines personnes, mais je pense qu’après une ou deux
exclusions, les coureurs réfléchiraient à deux fois, même à trois fois,
avant de se doper !
Malheureusement, je suis parfaitement
conscient qu’une politique aussi radicale ne pourra jamais être adoptée,
et que cela pourrait être dramatique en cas d’erreur. Mais l’idée de
fair-play dans les sanctions me fait réellement sourire !
Voici une partie du tableau des
sanctions de l’UCI :

La recherche
Le monde du dopage est en perpétuel
mouvement. Dès qu’une fédération sportive a découvert un moyen de
détection pour un produit, les sportifs en utilisent un autre encore
indétectable. Ainsi, les athlètes sont toujours dopés sans que l’on
puisse le prouver.
En ce qui concerne la recherche de
technique de détection, l’UCI mandate des laboratoires qui lui
soumettront des propositions. Ainsi, en 1996, elle a subventionné une
recherche sur l’EPO menée par le laboratoire antidopage de Lausanne et de
Québec. Malheureusement, cette recherche n’a abouti à aucun résultat
concluant. L’UCI a également apporté sa contribution pour l’achat
d’un appareil performant, destiné à détecter les manipulations à base
de testostérone.
D’autres propositions de laboratoire
sont aussi en étude, le désir de l’UCI étant surtout de dépister le
cas de dopage plutôt que de les punir.
5.5. Conclusion
du chapitre cyclisme et science
La science a énormément apporté au
sport. La diététique, l’étude des muscles et du coeur ont contribué à
un meilleur apprentissage de notre organisme. Grâce aux connaissances
actuelles, il est possible de s’entraîner de manière optimale sans nuire
à notre santé.
Malheureusement, un problème de
taille est venu s’infiltrer dans ce chapitre où tout paraissait si sain
et propre : le dopage. La technologie a pour ainsi dire apporté que
des avantages au sport cycliste. S’il y a des désavantages, ils sont
minimes par rapport au fléau que représente le dopage. Est-ce que ce
problème ayant vu le jour suite au mariage sport et science, et non pas
seulement suite à l’union cyclisme et science, est assez lourd pour faire
pencher la balance du mauvais côté ?
Je vous laisse juger par vous-mêmes.
Mais n’oubliez pas que le cyclisme est un sport parmi tant d’autres et
que tous sont touchés par ces découvertes. Plutôt à gauche, plutôt à
droite ? Il ne vous reste plus qu’à faire le compte. Mais je vous
avertis, l’équation est loin d’être facile à résoudre !
Je vous souhaite donc une bonne
réflexion ...
Vers la suite
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